CONGREGATIO DE CULTU DIVINO
ET DISCIPLINA SACRAMENTORUM
Prot. 451/09/A
Rome, le 18 Novembre 2009
PRÉFACE
C’est avec grande joie que je bénis la louable initiative de l’abbaye Sainte-Madeleine de présenter une nouvelle édition du fameux Liber usualis [1], le missel vespéral noté en grégorien, mis à jour pour les rubriques de la forme extraordinaire et muni de toutes les, traductions nécessaires pour bien profiter des textes. En effet, puisque le dernier Concile du Vatican « reconnaît dans le chant grégorien le Chant propre de la liturgie romaine » qui « doit occuper la première place » (SC 116), il est important que pour la « participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même » (SC 14) les fidèles puissent disposer des instruments qui leur permettent d’atteindre ce but plus efficacement.
Ainsi cette édition, déjà encouragée par la Commission pontificale Ecclesia Dei et d’autres cardinaux, non seulement se trouve en pleine conformité avec les directives de l’Église, mais en outre, en proposant les compléments nécessaires pour que ce même livre puisse être aussi employé dans la forme ordinaire de l’unique rite romain, va plus loin dans le sens des vœux du Saint-Père Benoît XVI, pour qui « les deux formes d’usage du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement », contribuant ainsi à ce que « dans la célébration de la messe selon le missel de Paul VI, [soit] manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien [2] ».
Aussi est-il particulièrement bienvenu que l’organisme officiel du Saint-Siège en charge de la musique sacrée, la Consociatio Internationalis Musicae Sacrae, ait voulu partager la responsabilité et la coédition de cet ouvrage, si important pour le renouveau de la liturgie dans le contexte actuel.
En effet, le simple fait de célébrer une messe en latin et en grégorien est souvent perçu comme rétrograde et anti-conciliaire ; or, comme je l’écrivais ailleurs, il faut « absolument sortir de cette dialectique ». Avec le Motu proprio Summorum pontificum, « la volonté du Pape n’a pas été uniquement […] de se limiter à répondre aux justes aspirations des fidèles qui se sentent liés, pour diverses raisons, à l’héritage liturgique constitué par le rite romain ; il s’agissait aussi, tout particulièrement, d’ouvrir la richesse liturgique de l’Église à tous les fidèles, rendant ainsi possible la découverte des trésors du patrimoine liturgique de l’Église à ceux qui les méconnaissaient encore [3] ».
Dans cette perspective, je salue avec gratitude la collaboration de l’abbaye de Solesmes à cette belle œuvre par la cession à l’ abbaye du Barroux des droits nécessaires, en sorte que deux grandes abbayes particulièrement soucieuses de la beauté. de la liturgie dans l’une et l’autre forme perpétuent ensemble la grande tradition de l’Ordre bénédictin.
En souhaitant à cette édition du Liber usualis la plus large diffusion pour le bien des âmes et la promotion d’un véritable renouveau liturgique, j’appelle sur tous ceux qui en feront usage des grâces de choix et la bénédiction du Dieu trois fois Saint.
Antonio, Card. Cañizares Llovera,
préfet
[1] NdE : L’expression « Liber usualis » ne désigne pas une édition particulière du missel vespéral romain en grégorien, mais ne veut être qu’une désignation générique, la plus connue dans différents pays où d’autres désignations, telles que « le 800 », n’ont pas cours.
[2] Cf. la lettre aux évêques accompagnant le Motu proprio Summorum pontificum.
[3] Préface à l’édition espagnole du livré de Mgr Nicola Bux, La Riforma di Benedetto XVI.